Depuis un quart de siècle, la qualité du sommeil des Français se dégrade régulièrement. La crise sanitaire avec sa cohorte de confinements, de couvre-feu et d’inquiétudes a largement contribué à l’accroissement de ce phénomène au cours de l’année écoulée.
L’étude commandée à l’IFOP par Tousaulit.com confirme la forte prévalence de troubles du sommeil chez nos concitoyens, particulièrement chez les femmes, les jeunes et les classes socio-professionnelles les plus modestes.
Au-delà des facteurs conjoncturels liés à l’apparition de la Covid-19, d’autres causes, comme le ronflement et la consommation toujours plus forte d’écrans à l’heure du coucher, contribuent à cette progression spectaculaire des troubles du sommeil parmi la population française.
La qualité du sommeil en forte chute
La qualité du sommeil des Français s’est considérablement dégradée au cours des 25 dernières années, et plus encore depuis le début de la crise sanitaire, marquée par les confinements, le couvre-feu et l’inquiétude face au virus. 67% des Français déclarent avoir eu des troubles du sommeil au cours des 8 jours précédant l’étude. Les femmes sont plus affectées que les hommes, 71% d’entre elles en faisant état contre 60% des hommes. En 1995, 51% des femmes et 36% des hommes disaient souffrir de troubles du sommeil.
Des troubles qui s’accroissent
La proportion de Français ayant subi des troubles du sommeil (insomnie, troubles du rythme, apnée du sommeil…) est en hausse significative depuis avril 2020. La moitié des personnes interrogées (50%) déclarent avoir souffert de troubles du sommeil en avril 2021 contre 44% en avril 2020 et 46% en novembre 2020. Ces troubles touchent plus fortement les femmes (58%) et les catégories socio-professionnelles modestes (54%).
Ils amènent près d’1 Français sur 3 (29%) à se déclarer insatisfait de son sommeil, prévalence qui monte à 43% chez les catégories modestes, à 39% chez les jeunes et à 32% chez les femmes.
Le ronflement, facteur aggravant et de dispute
Au-delà des contraintes et des angoisses liées à la Covid-19, d’autres facteurs contribuent à gêner le sommeil de nos concitoyens. Le ronflement est à ce titre cité comme l’un des principaux sujets de dispute au sein du couple. 44% des Français se sont déjà disputés avec leur conjoint en raison des ronflements de l’un ou l’autre des partenaires. Près d’1 homme sur 2 (45%) évoque son propre ronflement comme sujet de conflit contre 1/4 des femmes (25%).
Les écrans nuisent au sommeil
La présence d’écrans au lit, qu’il s’agisse de smartphones, tablettes ou télévisions, joue un rôle non négligeable dans la dégradation de la qualité du sommeil des Français. 69% des personnes consultant leur téléphone au lit tous les jours ou presque souffrent actuellement de problèmes de sommeil contre 56% de ceux qui ne le consultent jamais. 85% des 18-24 ans consultent leur téléphone au lit tous les jours ou presque contre seulement 26% des plus de 65 ans. (Lire à ce sujet notre article sur les Français, leur lit et leurs pratiques).
Faire chambre à part reste marginal
La proportion de Français faisant chambre à part reste à un niveau faible et n’a pas augmenté en raison de la crise sanitaire et de la promiscuité induite par les confinements. 1 Français sur 10 déclare faire chambre à part, une proportion équivalente à celle mesurée en 2014. 6% des Français vivant en couple qui ne font pas chambre à part aimeraient pouvoir le faire. Dormir dans une autre pièce que son partenaire concerne plus d’1 personne sur 5 âgée de plus de 65 ans (21%) contre 1% des Français âgés de 18 à 24 ans.
LE POINT DE VUE DE GAUTIER JARDON DE L’IFOP SUR L’ENQUÊTE
Alors que le sommeil joue un rôle fondamental sur la santé, le bien-être et l’équilibre psychologique, cette augmentation de la prévalence de troubles du sommeil au sein de la population française est plutôt alarmante. Et si les profils les plus touchés demeurent les mêmes qu’auparavant, avec notamment une forte dimension genrée et sociale, la Covid-19 a contribué à une hausse généralisée des cas de somnipathie. En effet, tandis que le rôle de l’anxiété et de la dépression dans les troubles du sommeil est avéré (Baromètre Santé Inpes, par exemple), notre étude montre bien que la période actuelle ne fait qu’accroitre ces deux types de troubles.